Quand Benoît Thévard travaille depuis chez lui, dans son bureau installé sous les combles, il a chaud…Pourtant, la maison est bien isolée, avec un mélange de laine de chanvre et de bois, "qui assurent un meilleur confort d’été que de la laine de verre, grâce au déphasage NDLR le temps que met la chaleur pour pénétrer dans le bâtiment, qui est plus ou moins long selon le matériau choisi", précise cet ingénieur en génie climatique. Le blanchiment des toitures, une solution de plus en plus utilisée "Quand on ouvre le Velux, comme les ardoises accumulent la chaleur, c’est de l’air chaud qui rentre. Comme on va avoir plus de canicules, je me suis dit “est-ce qu’on ne pourrait pas faire quelque chose ?”" Le blanchiment des toitures est une solution qui se déploie face à la chaleur. Benoît a donc pensé à cela. En utilisant un pot de lait de chaux, laissé par son frère. Pourquoi les habitants de Châteauneuf-sur-Loire résisteront mieux que les autres à une catastrophe ? "C’est de la chaux aérienne, mélangée à de l’eau. Il n’y a pas de produit chimique. J’ai réfléchi à l’impact sur les eaux de ruissellement, notamment car nous avons des récupérateurs d’eau, mais la chaux mélangée à de l’air et de l’eau se transforme en calcaire. Les agriculteurs mettent d’ailleurs du blanc de Meudon sur leurs serres." En septembre 2021, lors d’une journée chaude, il a donc d’abord fait un essai en enduisant seulement de chaux les ardoises situées autour de la fenêtre de toit. "J’ai pris un thermomètre de cuisson, et j’ai relevé les températures, heure par heure, sur les ardoises recouvertes de chaux et celles qui n’en avaient pas. J’avais entre 23 et 25 degrés d’écart." "J’ai été surprise par cette différence de température, 25 degrés c’est énorme. En canicule, quand il y a 40 °C, on peut faire cuire un œuf sur les ardoises", réagit Cécile, sa compagne. Benoît a aussi mesuré la température sous les combles "On arrive à 70 °C sous l’isolant, pour les ardoises non enduites de chaux, et 45 °C pour celles qui sont peintes. Je n’ai pas pris les températures à l’intérieur de la pièce, car sous les combles, on a aussi un ballon d’eau chaude solaire qui dégage beaucoup de chaleur." Voyant arriver les premières fortes chaleurs dès juin, le couple a renouvelé l’opération, en enduisant de chaux tout le pan sud du toit. Pour l’appliquer, ils ont utilisé un pistolet à peinture, après avoir arrosé le toit pour le rafraîchir, et ont procédé à la pose en soirée "pour la transformation chimique de la chaux se fasse". Très peu coûteux Leur bilan ? "Cet été, les combles restent vivables. Cela nous permet de laisser plus longtemps la fenêtre de toit ouverte, puisque l’air chauffe moins au contact des ardoises. Et c’est très peu coûteux, si on accède facilement sur son toit", selon Benoît. Cécile constate, elle aussi une différence de ressenti "On sent moins la vague de chaleur quand on monte l’escalier". Deux mois après, le toit est toujours blanc, même si les pluies ont lessivé légèrement le produit. "On le fera peut-être une fois par an, avant l’été. Pourquoi pas en utilisant de la chaux hydraulique qui tient en extérieur." Une banquise sur le toit de l'hypermarché Leclerc d'Amilly Benoît, cofondateur de l’association Châteauneuf-sur-Loire en transition a raconté son expérience sur la page Facebook du groupe et a eu énormément de retours, de questions… Notamment, sur les problématiques réglementaires. Car chaque modification de l’aspect extérieur de sa maison doit faire l’objet d’une demande d’autorisation. Les entreprises aussi Plusieurs sociétés loirétaines ont déjà opté pour des toits blancs pour rafraîchir leurs locaux, c’est le cas de la laiterie de Saint-Denis-de-l’Hôtel, avec la société orléanaise Covalba, qui a créé une résine rafraîchissante pour les toitures. Récemment aussi, Leclerc Amilly a repeint toute sa toiture en blanc, pour limiter l’usage de la climatisation. Cindy Roudier-Valaud

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